samedi 29 mars 2014

Gever Tulley et son idée d'une école de l'engagement et du bricolage

Gever Tulley, informaticien américain, s'est fait connaître par un livre choc contre la surprotection des enfants par leurs parents, "50 Dangerous Things (You Should Let Your Children Do)" puis il a créé une école de Bricolage pour enfants, Tinkering School. Il part du principe que limiter les actes des enfants n'est pas bon pour leur apprentissage de la vie. Pour lui, l'acquisition de la conscience d'eux-même passe à travers la réalisation de projets manuels, d'ingénierie, de bricolage. Loin de les éloigner de ces activités à risque avec l'utilisation d'outils réels (scie, marteau, ponceuse, chalumeau etc...), il tente de faire de ses situations dangereuses des terrains presque connus et sécuritaires.

 *source

Il met à disposition des outils, des matériaux, des leçons, de la prévention de risques, de la préparation aux blessures et beaucoup de conseils pour permettre aux enfants de mener à bien un projet. Ainsi la capacité d'adaptation, la prise de responsabilité d'un acte avec conséquence (ne serait-ce que ne pas se blesser ou ne pas blesser autrui) sont encadrées et soutenues.


Voici son intervention à la conférence TED2007 sur le livre en question, sous-titrage français disponible).




Puis, il a décidé d'aller encore plus loin et de proposer plus que des "colonies estivales" de bricolage mais bien une école sur l'année. C'est alors l'apprentissage de l’erreur, de l'engagement et de l'action. Les projets mis en branle sont extraordinaires, très déroutants autant par l'ingénierie que par l'utilisation de matériaux moins nobles. Des moyens de locomotion sont créés qui m'interpellent même dans leur utilisation finale. Mais la prise de risque, soutenue, ne retire pas la prévention, la connaissance des dangers et des solutions à mettre en place.
Voici son intervention à la conférence TED


Vanessa

lundi 18 février 2013

Nouvelle revue alter-native "Que vivent nos Relations!"

 Retour à l'accueil...

La revue alter-native, née ailleurs, "Que vivent nos Relations !" vient de sortir son numéro 1 !
Cette revue aborde le thème de la relation. Dans la vie tout est relation. Il y a la relation à soi, à l'enfant, à l'Autre, à l'environnement...
J'ai voulu dans un premier temps co-créer une revue sur nos relations aux enfants. Mais rapidement, je me suis heurtée au fait qu'en cherchant à me focaliser sur la relation parent-enfant, je me coupe de la Vie et ne suis alors pas efficace dans le changement.

 En effet, dans la vie, nos relations ne sont pas cloisonnées. Je ne suis pas que mère. Le fait que je sois aussi une femme, une employée peut-être, une sportive, influence qui je suis, je ne suis pas qu'une partie de moi. Comment vouloir harmoniser mon rapport à mon enfant si le reste de moi - soit ce qui n'est pas que mère -  n'est pas harmonisé dans ses rapports à l'altérité ?  Je le raconte dans l'édito :

La particularité de cette revue est qu'elle ne s'impose pas comme une spécialiste thématique qui ne développe qu'une racine comme l'éducation, l'écologie, l'amour... Nous ne voulons pas nous et vous enfermer dans un espace thématique délimité, forcément limitant. Si un humain éprouve des difficultés pulmonaires, il peut éprouver le besoin d'aller consulter un pneumologue, donc celui qui se dit spécialiste de l'organe en question, et qui ne va s'attacher qu'à cette zone pour expliquer le trouble. Nous souhaitons partager un regard plus holistique sur la vie puiqu'elle n'est pas cloisonnée. Et si pour y voir clair dans une détresse pulmonaire, on n'avait pas à traquer le symptome limité à l'organe, mais à mettre la lumière sur la relation entre les poumons et le reste du corps, sans oublier le mental ? Nous souhaitons ainsi proposer au cœur de cette revue un regard global sur les relations bio-logiques entre les organes, les thématiques. Pas de racines uniques mais un réseau de rhizomes pour accéder au tout en conscience. Alors, par exemple, je peux lire l'article sur le temps en tant que mère, en tant que femme, en tant qu'employée, en tant que bricoleur, ... voir tout un ensemble et voir également que je le regarde depuis un bout particulier d'une relation particulière, ou de plusieurs. Comme je suis un "tout", la relation à mon enfant, par exemple, peut s'harmoniser dans la conscience si je fais la lumière sur chacune des nombreuses relations de ce "tout-moi". 

Quand, il y a quelques années, je demandais à Jean-Pierre Lepri ce que je pouvais faire pour que mon accompagnement à ma fille soit plus qualitatif, il me répondait de faire ce qui me semble bon pour moi, de faire les choses pour moi, pas pour elle car les enfants profitent de ce qui profite à leur parent.

Je suis donc un tout indivisible et pour m'harmoniser à mes enfants, j'ai besoin de m'harmoniser à la vie entière, de poser ma conscience sur tous mes conditionnements pour mieux m'en libérer. J'ai choisi d'aborder dans cette revue toutes les relations de la vie, parce qu'un parent est avant tout un humain et que si l'humain est épanoui, le parent le sera aussi.

Heureuse lecture !


Le site de la revue "Que vivent nos Relations !" c'est ici !

lundi 9 janvier 2012

Les neurosciences au service de l'éducation

Les dernières avancées en neurosciences apportent de plus en plus d'informations sur comment fonctionne le cerveau. Sa plasticité (capacité à évoluer) nous laisse envisager l'acquisition d'aptitudes nouvelles utiles pour chaque enfant/élève. Mais encore mieux, la prise en compte des différentes zones du cerveau peuvent être utiles à chaque éducateur pour mieux comprendre le fonctionnement humain et ses motivations inscrites.
Ici je vous propose une vidéo, d'une heure mais je vous assure que vous ne perdrez pas votre temps, qui présente les zones de décisions du cerveau, leur fonction et aussi ce qu'il faudrait mettre en avant pour mieux nous motiver... en faisant appel au cerveau préfrontal.

*source des 4 centres de décision du cerveau extraite du film

Les 4 cerveaux (zones de décisions) sont:
- le reptilien qui s'occupe des fonctions vitales
- le paléo-limbique ou grégaire (les rapports de force et la protection "des petits par les gros") détermine les "tempéraments" (terme de neurologie à ne pas confondre avec nos termes conventionnels)
- le néo-limbique où les "caractères" (au sens neurologique aussi) donnent l'indication des motivations ou du plaisir du résultat
- le préfrontal présente la gestion des émotions

C'est en suivant la conférence en vidéo que la GMM (Gestion des Modes Mentaux) prend tout son sens, la GMM ou toute autre pratique d'Approche neurocognitive et comportementale (ANC). Cette technique, développée par l'Institut de Médecine Environnementale (IME), peut être mise à profit en pédagogie (éducation des enfants) autant qu'en andragogie (formation des adultes).

Les Neurosciences au service de l'éducation from erg on Vimeo.

dimanche 8 janvier 2012

André Stern - conférence à Zurich

Bonjour à tous,

Pour ceux qui n'en aurait pas encore entendu parler, je vous invite à lire le livre d'André Stern, fils d'Arno Stern: "Et je ne suis jamais allé à l'école". Un petit bijou !
voici un extrait d'une conférence qu'il a donnée en Suisse: http://www.youtube.com/watch?v=FwhY1Ws-eQ0
merci de nous donner ce témoignage d'un adulte qui a pu grandir dans un environnement de liberté et de respect.

Laurence Legrand
aligneuse et formatrice en éducation syntropique
www.blanchecolombe.be
www.lamaisondespotentiels.be

mercredi 19 octobre 2011

L'école


Hier, j'étais en journée pédagogique et l'après midi était consacrée à une grande réunion rassemblant tous les enseignants de mon diocèse. Au bout d'une heure, ayant un peu lâché le fil du discours qui nous était proposé, je me suis replongée dans mes notes, ce qui m'a fait le plus grand bien. En effet, depuis un peu plus d'un an, je prends des notes quand je lis des livres sur la pédagogie ou sur la psychologie enfantine mais aussi lors de mes formations Montessori. J'en suis maintenant à mon 2ème carnet et il m'arrive assez souvent de me replonger dedans pour refaire sortir quelques idées à la surface.

Je vous fait donc partager un petit passage que j'avais noté qui me semble assez vrai :-)

"Et sur les indications du diable, on créa l'école.
L'enfant aime la nature : on le parqua dans les salles closes.
L'enfant aime bouger : on l'obligea à se tenir immobile.
Il aime manier des objets : on le mit en contact avec des idées (...)
Il voudrait raisonner : on le fit mémoriser.
Il voudrait s'enthousiasmer : on inventa les punitions"

Adolphe Ferrière, début du XXème siècle.


mercredi 12 octobre 2011

A propos de la générosité. Gare à la cohérence !

L'autre jour, j'étais avec ma petite famille à une soirée d'anniversaire et Luckas a très vite fait connaissance avec tout le monde. Discutant dans la pièce à côté, j'entendais de loin qu'il jouait à faire l'avion avec un monsieur, appelons-le Marc. Il(s) avai(en)t l'air de s'amuser beaucoup !

Je reviens vers Luckas et mon mari afin de nous préparer à rentrer et j'observe la scène suivante: Luckas demande "encore" de faire l'avion et Marc lui dit "oui mais qu'est ce que tu dois donner?". Luckas ne comprend pas, répète "encore l'avion" et l'homme lui montre sa joue et lui dit "d'abord un bisou", ce que Luckas fait et le revoilà parti dans les airs les bras écartés. Les rires fusent. Tout semble aller pour le mieux, et pourtant...

Je ne peux m'empêcher de réagir gentiment "mais c'est du chantage !". L'étonnement sur le visage de Marc qui me répond "non, je lui apprend qu'il doit donner pour recevoir". Honnêtement, mes bras m'en tombent mais je suis incapable de répondre. Je sens que c'est faux mais pas moyen de réagir et mettre des mots sur mon malaise. Je profite donc de cette chronique pour expliquer ma pensée (Marc, si tu me lis):

Tout d'abord, l'idée qu'il faut donner pour recevoir... je suis d'accord, d'accord qu'il ne faut pas attendre de recevoir pour donner, que la générosité et le partage sont la base de l'abondance. Comme dit très bien Louise Hay: "la vie est simple, tout ce que donnez vous le recevez en retour". Avec la nuance que ce n'est pas la personne à qui vous donnez qui va vous rendre, ce qui s'appellerait un investissement, mais que l'énergie du don revient d'une manière ou d'une autre, si on est prêt à recevoir. Et donc d'emblée, on a envie de dire à Marc, oui tu as raison… et c'est là le côté parfois "pervers" de nos comportements vis-à-vis des enfants. Partant d'une bonne intention, on ne se rend pas compte qu'on ne respecte pas les besoins des enfants.

En effet, je m'insurge contre la croyance qui est de croire que Luckas (un enfant) va apprendre ce principe juste parce qu'on le lui dit et qu'on le force à donner.. oui, je dis bien, on le force, car ce n'est pas lui qui a décidé de donner un bisou spontanément, c'est une condition pour recevoir de l'attention et du temps afin qu'on joue avec lui. Qu'en déduit-il? à mon avis, quelque chose comme "si je veux avoir ce que je veux je dois me conformer aux attentes de l'autre". Son besoin d'Amour ne peur être satisfait puisqu'il est conditionné à un comportement qu'on attend de lui.

Je vais même encore plus loin… Marc prouve par son attitude exactement le contraire de sa pensée selon laquelle il faut donner pour recevoir. En effet, ce que lui fait c'est "je te donne si je reçois", bref, il ne donne pas pour recevoir, il faut qu'il reçoive d'abord pour donner ensuite. Pour résumer: "Si je ne reçois pas de bisou, je ne joue pas avec toi". A votre avis, vous croyez que les enfants ne voient pas notre incohérence ?

Il me parait clair que vouloir apprendre à l'enfant qu'il faut donner pour recevoir ne peut se faire que s'il voit l'adulte appliquer lui-même ce principe, et être généreux, sans calcul, sans chantage, sans manipulation.

Je ne sais pas si Marc est un homme généreux ou non, en tout cas, je crois qu'il aime beaucoup les enfants mais il est passé, à mon avis, à côté de son intention. Pour Luckas, ce n'était qu'une soirée car il n'a pas l'habitude de ce genre d'attentes vis-à-vis de lui à la maison, mais je peux imaginer qu'un enfant qui entend ça au quotidien finit par attendre que l'adulte lui dise ce qu'il doit faire pour se sentir aimé, apprécié, digne d'attention. C'est ainsi le besoin de liberté qui est mis à mal, la liberté d'être qui on est.

Les enfants nous voient agir et c'est au travers de nos comportements qu'ils apprennent comment fonctionner, comment être généreux ou non, comment être avec eux-même, avec les autres, etc.

La meilleure manière pour qu'un enfant apprenne à devenir un adulte généreux c'est de devenir nous-mêmes des adultes cohérents, généreux, heureux… bref, épanouis.


Laurence Legrand
Aligneuse et animatrice en Éducation Syntropique
www.blanchecolombe.be

vendredi 16 septembre 2011

Sortir de la culpabilité et devenir des parents responsables: 
une urgence pour les enfants!

L'autre jour, je discutais avec une maman perdue face à l'attitude de son jeune ado qui se plaignait qu'il ne l'écoute pas, n'en fasse qu'à sa tête, ne range pas ses affaires, etc… bref une cohabitation difficile et deux personnes en souffrance.
Que dois-je faire? me demande-t-elle.

Et bien, je n'ai pas de recette toute faite à appliquer, ce serait facile et j'aurais évidemment beaucoup de succès. Dans la plupart des cas similaires qu'on me présente, je constate ceci: l'enfant, jeune adolescent voire plus jeune, se rebelle contre l'attitude autoritaire de son entourage, que ce soit ses parents ou le corps enseignant.

On pense que la crise d'adolescence est normale et fait partie du processus d'évolution de l'enfant et moi je crois que c'est habituel mais que ce n'est pas normal. Ce n'est pas censé se passer comme cela. Cependant, la manière dont la plupart des parents éduquent leurs enfants et la manière dont la société les considère ne peuvent mener qu'à une rébellion des jeunes.

On leur manque tout simplement de respect et ça commence dès tout petit: on leur impose nos critères, ils doivent rester sages, ne pas déranger, étudier ce qu'on décide qui est intéressant pour eux, ne pas bouger, on les oblige à finir leur assiette quand ils n'ont plus faim ou qu'ils n'aiment pas, les obliger à dire merci avant même qu'ils aient envie de le dire spontanément et avec sincérité, on les punit s'ils ne répondent pas à nos attentes, on les récompense pour qu'ils comprennent qui ils doivent devenir et comment "bien" se comporter, etc… La liste est longue malheureusement des comportements dystropiques à l'égard des enfants, c'est-à-dire des attitudes qui bloquent la manifestation du potentiel chez les enfants et les empêchent de satisfaire leurs Besoins Fondamentaux (sécurité, repères, liberté, amour, cohérence, sens et réalisation).

Vous croyez que j'exagère? J'aimerais… Mais chaque jour m'apporte son lot d'exemples tristes de parents perdus, désespérés. Comment voulez-vous qu'une relation de confiance puisse s'établir, le dialogue s'installer sincèrement, si l'enfant se sent obligé en permanence de s'adapter aux attentes des adultes. Comment voulez-vous qu'il participe à l'harmonie du système familial spontanément si on lui dit qu'il n'est pas chez lui, que c'est nous qui payons le chauffage, les courses, etc…? Alors qu'on sait très bien qu'il ne peut pas y participer puisqu'il ne peut pas travailler (et qu'il doit même plutôt faire des études et universitaires de préférence). Parfois même, quand l'enfant plus jeune veut aider à mettre la table, on lui dit non parce qu'on a peur qu'il casse la vaisselle par exemple et après on s'étonne qu'il rechigne à donner un coup de main: son élan naturel a été cassé. Point.
Comment attendre des enfants qu'ils nous respectent, si nous ne les respectons pas nous-mêmes? Quelle liberté d'action et d'expérimentation de la vie leur laissons-nous lorsque nous avons sans cesse peur qu'il leur arrive quelque chose.

C'est quand même bien nous les parents qui avons fait venir notre enfant, non? Quel autre choix a l'enfant que de nous faire confiance, de se fier à notre expérience, de nous prendre pour guide et pour modèle? Notre responsabilité est grande. Lorsqu'adultes, nous confions nos difficultés à quelqu'un, lorsque nous demandons de l'aide ou un service, n'attendons-nous pas aussi d'être respectés?


J'exagère, vous m'en voulez? Vous vous sentez coupable peut-être? Coupable de ne pas avoir fait ce qu'il fallait, de constater la rupture avec votre enfant à qui vous avez tout donné avec tant de bonnes intentions?.

Oui, le mot est lâché, coupable… Je crois hélas que c'est probablement le plus grand obstacle à la conscience de sa responsabilité: rester dans la culpabilité. En effet, je pense que par un mécanisme de défense, notre peur de nous sentir coupable, d'avoir mal fait nous pousse à rejeter la responsabilité sur l'enfant lui-même, ou bien sur la société, les profs, ses propres parents, etc… Mais surtout pas soi! Ça ferait trop mal… et ça fait mal d'ailleurs…

Or, voyez-vous, il ne s'agit pas de trouver qui a commis une faute. Car nous agissons toujours en fonction de ce que nous croyons, en fonction de notre vision de l'enfant, notre vision de l'éducation, notre système de croyances. Nous ne pouvons donc pas agir différemment et il n'y a pas de faute car ces croyances, nous les avons intégrées dans notre propre enfance au travers de l'éducation reçue de nos parents. Ce sont eux alors les coupables? Non, ils n'ont pas non plus commis de faute, ils ont aussi agi en fonction de leur système de croyances… Leurs parents, alors? Non plus. Nous pourrions remonter à Adam et Eve peut-être… Ce qu'il faut comprendre, c'est que tant que nous ne changeons pas notre système de croyances, nous ne pouvons changer notre manière d'agir ou alors c'est du comportementalisme. Mais chassez le naturel, il revient au galop…

Je vous invite à sortir de la culpabilité et à entrer dans la responsabilité: assumer sa responsabilité d'avoir fait venir un enfant sur Terre, prendre conscience de ses propres croyances négatives afin surtout de les changer. Afin de rétablir peu à peu un lien de confiance avec son adolescent ou pour éviter de le perdre. On peut tout "guérir", il n'est jamais trop tard, mais rien ne vaut mieux que la prévention. N'attendez pas que ça se passe mal pour apprendre à respecter les besoins de votre enfant. Informez-vous et formez-vous pour devenir des parents épanouis et surtout des adultes heureux! C'est le plus beau cadeau que l'on puisse faire à un enfant.

Laurence Legrand
Aligneuse et Animatrice de stages "Éducation Syntropique"
www.blanchecolombe.be

mercredi 14 septembre 2011

Le daltonisme de l'enfant comme difficulté d'apprentissage

Le daltonisme ou dyschromatopsie est une déficience visuelle des couleurs qu'il est important à plus d'un titre de diagnostiquer tôt. Vers 4 ans, la vision des couleurs est normale. Si votre enfant a des difficultés à les nommer, n'hésitez pas à vérifier qu'il ne s'agit pas de ce trouble.

En plus d'une distinction des couleurs très difficile bien-sûr, il est à la source de difficultés d'apprentissages plus conséquents et peut être confondu avec un autre trouble cognitif.
Il suffit pour cela de se rappeler l'utilisation des couleurs dans le milieu scolaire ou dans la vie quotidienne: Les couleurs sont une base de normes de sécurité, de consignes d'exercice, d'indices de réactions chimiques, d'électronique, d'électricité, de légendes de cartes de géographie, de microscopie, de schémas et de tableaux. Mais aussi dans d'autres situations: les indications du code de la route (feu tricolore entre autre), la cuisine: cuisson, maturité des fruits, moisissure.

La perception des couleurs peut être faussée par luminosité, saturation ou teinte (clic) mais le daltonisme est encore différent.
Le daltonisme est un plus ou moins léger handicap qui ne se guérit pas et touche la vision d'un ou de plusieurs cônes: le vert, le rouge principalement mais aussi plus rarement le bleu. Il faut donc distinguer les daltonismes: la déficience en rouge (protanope ou protonomale), la déficience en vert (deutéranope ou deutéranomale), la déficience en bleu (tritanopie) ou la déficience totale des couleurs (monochromatisme ou achromie).

*source cônes et sensibilité spectrale


Le test d'Ishihara présenté sur la vidéo est extrêmement pratique à effectuer sur les jeunes enfants non lecteurs, il utilise en effet dans la version simplifiée des formes sur fonds colorés.





Pour les enfants un peu plus grands, vous pouvez aussi faire le test de Farnsworth-Munsell ici avec un diagnostic immédiat après le test.

***

La lecture du livre "Daltonisme et activités humaines" de l'ophtalmologiste Philippe LANTHONY apporte de nombreuses informations: du diagnostic, aux aides pour l'entrée dans la vie professionnelle en passant par ce qu'est le(s) daltonisme(s) et la couleur.
J'ai été rassérénée par rapport à toute précipitation. Le diagnostic se doit d'être précoce et fait durant l'école maternelle ou primaire mais il ne peut être complet. Ce n'est que vers 10 ans qu'un terme exact, une typologie (protan ou deutan) et une gravité pourront vraiment être détaillées.

Les pistes d'aides concernent beaucoup plus les adolescents et jeunes adultes. Cependant des sensibilisations et des adaptations peuvent être proposées dès le plus jeune âge.

- des sensibilisations aux différents domaines de la couleur (source physique et modes d'apparence) :
La source physique de la couleur:
1/ la tonalité déterminée artificiellement par la norme des non-déficients aux couleurs (rouge comme la coccinelle)
2/ la luminosité (de l'obscur au lumineux) ou la clarté (du noir au blanc)
3/ la saturation (couleurs ternes, pâles, rabattues ou vives)

Les modes d'apparence de la couleur:
1/ la texture (lisse, rugueuse, régulière)
2/ la transparence, le brillant
3/ le contraste avec les autres couleurs environnantes

- des étiquettes à symboles pour daltoniens à mettre sur les feutres ou crayons de couleurs:

*source AddColor

- des confrontations aux couleurs par nuanciers j'en parle un peu plus ici.
- une sensibilisation du corps enseignant en présentant les pistes de la vision chromatique de l'enfant avant le diagnostic complet (pour mon lutin, daltonien avec confusion rouge/vert, je montre les 4 possibilités ici)

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi suivre mes pérégrinations sur la couleur et sur ce handicap que j'ai transmis à mon fils. J'y parle des différents tests, autres que ceux destinés aux plus jeunes présentés ici, des adaptations à faire.

Rajout du 09/03/2012: les feutres avec le code ColorAdd sont disponibles par internet chez VIARCO.

Vanessa