dimanche 30 mai 2010

Au primaire

Pierre Faure (1904 – 1988)

Comme on a beaucoup parlé de Maria Montessori, je voulais juste vous faire part d’un pédagogue qui opta pour l’esprit et la méthode montessorienne.

Le père Pierre Faure est né en France 32 ans après Maria Montessori.
Après avoir suivi des études de chimie, de philosophie, et de théologie, il devient prof. C’est en 1940 qu'il rencontre Madame Lubienska de Lenval qui avait travaillé avec Maria Montessori et met en place avec elle les "dictées muettes", matériel qui permet l'apprentissage de l’écriture, la lecture et l'orthographe selon une méthode active, sensorielle et personnalisée.
Il crée des classes d’observation, une revue pédagogique, des écoles d’éducateur spécialisé dans l’enseignement catholique, et anime des sessions dans le monde entier.

Il continue le travail commencé par Maria Montessori et met en place la pédagogie personnalisée et communautaire.

C'est une pédagogie au service de l’enfant qui répond à ses besoins fondamentaux (être reconnu, aimé, développer sa curiosité, sa liberté, grandir, communiquer ... pédagogie personnalisante) en tenant compte des différences entre les enfants (aptitudes, rythmes, motivations, milieu social ... pédagogie personnalisée).

Chaque enfant participe à son apprentissage (pédagogie de la découverte), on lui propose des choix dans ses activités en fonction de son niveau, de ses aptitudes, ses besoins ... (pédagogie différenciée), on l'aide à devenir autonome, à organiser son travail…(pédagogie de la responsabilité)

L’enfant travaille seul mais aussi avec les autres (enfants, enseignants …) Dans cette façon de travailler, prônent l’entraide, le respect, le partage, la communication et la confiance (pédagogie communautaire).

En résumé, le père Faure est pour moi un pédagogue dans la lignée de Maria Montessori qui comme elle met l’enfant responsable et acteur de son apprentissage (pédagogie personnalisée) avec les autres (et communautaire). Quand j’étais à l’école d’instit, on a beaucoup étudié ces deux pédagogues, l’un étant la continuité de l’autre !

Pour en savoir plus : http://www.airap.org/

mercredi 26 mai 2010

Si

Il y a des poemes simples et pourtant ambitieux. Il y a l'un d'entre eux qui me touche et me parle particulierement. Je souhaite le partager avec vous ici. Il est de Rudyard Kipling, il s'intitule "If". Voici une tres honorable traduction d'Andre Maurois, 1918.

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling, 1910.

Diffusion autorisee du poeme : http://en.wikisource.org/wiki/If_%28poem%29

Piste de reflexion sur les thematiques de "l'équilibre" et de la "Liberté" sur ce que finalement chaque Pere ou Mere souhaite profondement pour son Enfant, devenir un Homme.

Aide-moi à faire par moi-même

Souvenez vous de ce petit être à qui vous posez la question le matin
« - Tu veux mettre tes chaussures tout seul ou je t’aide ?
- Non !
- C’est toi ou Maman ?
- Moi ! »
Puis il se met à hurler quand vous le laisser faire tout seul, comme il l’a demandé !
Oui mais voilà, il veut qu’on le regarde faire !!
"Aide-moi à faire par moi-même"
En voilà une jolie phrase bien connue de M. Montessori mais qui ne serait pas complète sans cette autre : « Toute aide inutile est une entrave au développement de l’enfant ».
Je m’entends souvent dire « Mais laisse-le faire » quand mon plus grand veut aider son petit frère à mettre quelque chose dans une boite, enlever ses chaussures, ranger son bavoir… et pourtant, je ne me rends pas toujours compte que nous faisons la même chose avec nos enfants et en particulier lorsque nous sommes pressés.
Essayons de prendre le temps nécessaire pour qu’ils se construisent et deviennent le plus autonome possible.
Comme disait M. Montessori (L’enfant) : « Renoncer à ses propres besoins et répondre à ceux de l’être en formation, telle est la ligne de conduite qui devrait être celle de l’adulte »…

dimanche 23 mai 2010

La politesse


"Little Guests" (1923) - Takehisa Yumeji

Ici, je veux parler spécifiquement de la politesse des parents, enseignants ou autres, envers les enfants et ceci depuis le plus bas âge.

La politesse consiste à respecter l’autre, à ne pas enfreindre en quelque sorte son espace sans sa permission, et permet la vie en société. Comme disaient les Samurais japonais lors de la construction de Édo (aujourd’hui Tokyo), « sans la politesse, il y aurait le chaos ».

La tendance est souvent de voir les enfants comme étant « inférieur » par le fait qu’ils ne comprennent peut-être pas ce qui leur est dit, surtout en bas âge, parce qu’ils sont dépendants des adultes pour presque tout jusqu’au moins l’âge de sept ans, parce qu’ils n’ont pas d’expérience, etc… Et puisqu’ inférieurs, il n’y aurait aucune raison pour faire un effort supplémentaire au niveau rapport social. L’exemple typique auquel je suis certaine beaucoup de mamans ce sont confronter, c’est lorsqu’un inconnu essaie de toucher un bébé dans sa poussette. L’enfant alors pleure et à l’inconnu de dire « il n’est pas de bonne humeur votre enfant ! ». Comment se sentirait un adulte si un inconnu s’approchait pour le toucher sans sa permission ?

Respecter un enfant, c’est être poli avec lui depuis ses premiers jours. J’ai lu quelque part qu’il fallait traiter chaque enfant comme un adulte duquel on est amoureux. Et cela me semble une belle image.

Au sens pratique, et je ne veux pas faire une liste, mais pour prendre quelques exemples, cela veut dire demander la permission avant de lui changer les couches ou au moins l’aviser de ce que l’on va faire. Il en va de même pour le sortir de son berceau ou du lit – comment vous sentiriez-vous si vous étiez arraché de votre doux et chaud lit avec de grosses mains sans avoir été prévenu ?

Cela signifie aussi dire « merci » lorsque l’enfant a fait quelque chose de bien, ou qu’il apporte une chose demander, ou autre.

C’est également dire « s’il te plait » et ne pas lui arracher les objets de la main, mais lui demander. Avec le temps il cessera de jeter les objets telle la cuillère à terre depuis sa chaise haute, et les donnera à Maman lorsqu’il n’en voudra plus.

Et comme dernier exemple, c’est ne pas lui couper la parole. Et ceci même s’il balbutie, et surtout, surtout lorsqu’il n’arrive pas à ce faire comprendre.

Ce ne sont que quelques exemples, et ce qui est important c’est qu’en tant qu’adulte, la politesse fasse partie de notre rapport quotidien avec l’enfant. Au bout du compte, il sentira ce respect, et inévitablement et de lui-même il suivra le même comportement avec ses parents, professeurs, camarades d’école et autres.

mercredi 19 mai 2010

Période sensible

Maria Montessori a passé une grande partie de sa vie à observer les enfants, passionnément, scientifiquement... Et un des enseignements qu'elles a voulu délivrer dans ses écrits est l'importance de l'observation de l'enfant par l'adulte.. Une observation aimante, bienveillante et très attentive. C'est en effet par le biais de l'observation de nos enfants que nous pourrons déterminer leur période sensible et leur proposer des activités correspondant à leur besoin du moment... Eliott est en ce moment captivé par tout ce qui se met dans quelque chose.. Il passe de longs moments chez sa nounou à imbriquer des petits bols gigognes les uns dans les autres. A la maison, il restait très concentré quand on lui proposait sa tasse et quelque chose de plus petit à mettre dedans... Je mets, j'enlève, etc... pendant quelques fois près d'un quart d'heure! Quand on propose à un enfant une activité correspondant à sa période sensible, il peut faire preuve d'une concentration épatante! L'essentiel étant d'éviter de le couper dans son activité, d'attendre qu'il ait fini son exploration pour lui proposer autre chose...
Ayant suivi ses expériences, nous avons décidé de craquer pour notre premier achat officiellement "Montessori"... Le matériel coûte relativement cher, nous ne pouvons pas nous permettre la collection complète, mais un ou deux objets choisis avec soin me paraissent essentiels... Nous avons trouvé ce site: Montessori express... qui fait des prix raisonnables (et qui livre rapidement, nous avons été livré en trois jours: top!)... Et nous avons reçu ça:
La boîte imbucare... (Le nom de son concepteur? Je ne sais pas, google ne propose pas de traduction!).
Et voilà une petite vidéo d'Eliott la découvrant. Il a tout de suite compris le concept. Et ce matin, nous lui avons reproposé et il a aussi compris comment ouvrir le tiroir grâce à la petite poignée, du coup il était plus concentré sur l'ouverture du tiroir que sur la boule rouge... Nous lui retirons le matériel quand on voit qu'il sature ou qu'il commence à faire vraiment tout autre chose avec.

mardi 18 mai 2010

La "suite" ou l'apres Montessori

Vous etes nombreux a vous poser la question de comment se passe la suite, l'apres Montessori, comment les enfants s'adaptent ensuite a l'ecole dite "normale" lorsqu'ils ont termine leur cursus vers l'age de 12 ans. Comment les enfants vivent-ils cette fameuse "transition" ?

Voici donc le temoignage d'une etudiante que j'ai rencontre l'annee derniere lors d'un seminaire et avec qui j'ai pu discuter longuement de ce sujet. Elle n'est pas la seule, mais elle a offert son temoignage a notre ecole de quartier, car elle est non seulement consciente de l'importance de la promotion de cet enseignement si particulier, mais egalement car elle en a tire des enseignements personnels fabuleux. Je me rejouis de partager ce lien avec vous. Son texte est en anglais. Si jamais il est incomprehensible a certains d'entre vous, je le traduirais volontier dans ses grandes lignes.

Edit du 21 mai 2010, traduction autorisee du temoignage :

"J'etais etudiante a l'ecole Montessori. Pas seulement etudiante en fait. Montessori etait comme ma maison et meme ma famille. Quitter l'ecole fut une histoire, mais plutot que de la quitter dans la tristesse je suis partie avec l'excitation d'aller dans ma nouvelle ecole.

La premiere fois que j'ai visite ma nouvelle ecole j'etais emerveille par l'ouverture des gens et la liberte que l'on pouvait ressentir dans ces couloirs avec leurs casiers.

Arriver dans cette nouvelle ecole etait quelque chose de completement different pourtant. Lorsque j'ai commence les cours la bas, on parlait beaucoup de comment s'ajuster a ce nouvel environnement et de la difficulte que cela serait, l'idee d'avoir des devoirs et projets a faire a la maison, autant de differents professeurs, autant de classes, autant d'emplois du temps et l'enfermement...
Quiconque ayant suivi un cursus Montessori se rappelle surement s'inquieter au sujet de son manque de preparation pour la transition avec le college. Mais cette inquietude n'a pas lieu d'etre. Il n'y a aucune raison d'empecher un enfant de suivre quelque chose d'aussi incroyable, sculpteur et beau que Montessori pour cette raison qui est d'etre sur que l'enfant puisse finir ses devoirs ou ecouter en classe. Car cela arrive simplement, cela se passe, juste comme ca.

La philosophie Montessori est quelque chose qui prend des heures a etre explique dans son ensemble. Mais les choses importantes que Montessori vous apprend, c'est d'etre responsable de votre travail et d'aimer apprendre. Cette motivation qui conforte chaque Montessorien est quelque chose qui reste avec vous toute votre vie. Vivre sa vie depuis l'age de 3 ans, apprendre ainsi et se nourir de cette maniere, ce n'est pas seulement le suivre, c'est le devenir, c'est l'etre. Cet esprit montessorien vous suit dans cette “transition”.

Lorsque je suis arrive dans ma nouvelle ecole, j'ai decouvert un environnement formidable. Bien entendu, tres different de Montessori, ou je me sentais comme a la maison avec mes amis.

J'ai pourtant adore cette annee. Cela m'a pris un certain temps pour m'adapter, avec tous ces changements, mais je n'ai eu aucun probleme. Faire des devoirs egalement, je les fait, c'est tout. Lorsque les devoirs arrivent, je fais de mon mieux, lorsque les tests sont annonces, je revise. Cela aurait ete une veritable peine si je n'avais pas eu mon education montessorienne. Certains de mes camarades ici, n'aiment pas travailler, ni apprendre en face d'un tableau. Je pense que parcequ'ils n'ont pas grandit dans un environnement montessorien cela ne les aide pas non plus. Je me souviens me demander lorsque j'etais a Montessori, comment etait l'ecole assis devant un tableau. Heureusement ce n'est pas comme cela dans toutes les ecoles, en tous cas, pas dans mon ecole maintenant. Dernierement nous avons fait des trucs supers en Anglais, filmer et meme monter nos propres films. Apprendre peut etre sympa avec ces ressources qui nous sont offertes.

A Montessori, j'ai le sentiment d'avoir realise de forts achevements, j'ai eu beaucoup d'amusements aussi avec mes amis, et la meme chose arrive maintenant ici.

[…] (L'auteur parle ici de concours auquels elle a participe et meme gagne au sein de sa nouvelle ecole, de quelle maniere positive elle prend l'esprit de competition, ect...).

Mais la vie ce n'est pas gagner. J'ai adore cette annee et je voudrais remercier Montessori pour ce si parfait type de preparation mis a notre disposition, qui nous etire bien plus que le travail et les devoirs a la maison. Montessori c'est la vie, et cela vous guidera pour toujours. Et cela devrait etre ainsi pour chacun."

Ella Maple, 13 ans. Diplomee de l'ecole Montessori de Sydney en 2002.

L'enfant apprend en faisant

J'ai quitté Charenton pour aller filmer mon amie Agathe qui fait le même métier que moi dans son atelier de Neuilly. Avec ses mots, elle explique clairement les apports et les répercussions de la peinture libre en atelier : c'est en faisant que l'enfant apprend ! Ecoutez - la parler de la créativité et d'apprentissage.



Voir l'article directement sur le blog de Sandrine Sananès ou directement sur you tube.

dimanche 16 mai 2010

Education, discipline et liberté

C'est malheureusement devenu un leitmotiv habituel...
Chaque semaine, on entend parler dans les médias des problèmes de violence, de discipline, de non respect des règles des élèves à l'école.
Ce qui me semble assez effrayant, c'est qu'en premier lieu on pense avant tout à la sanction, l'unique remède avancé comme solution à des problèmes de mal être profond chez des enfants ou des adolescents.
Mais que propose cette école pour permettre aux enfants de comprendre le rôle du cadre et la nécessité de respecter des règles établies? Quelle responsabilité donne-t-on aux enfants dans la construction de leur vie sociale? Pourquoi ne leur permet-on pas de participer au même titre que les autres individus de l'école à l'élaboration de ces règlements, à davantage de moments d'échanges et de concertation ?

L'école telle qu'elle est vécue aujourd'hui par de nombreux élèves est source de violence. Envisager une école qui appuierait l'organisation des classes sur la liberté et la responsabilisation des enfants, telle que l'envisageait le pédagogue Célestin Freinet est possible.
Freinet écrivait, dans un de ses invariants (22) : "L'ordre et la discipline sont nécessaires en classe. On croit souvent que les techniques Freinet s'accommodent volontiers d'un manque anarchique d'organisation, et que l'expression libre est synonyme de laisser-aller. La réalité est exactement contraire : une classe complexe, qui doit pratiquer simultanément les techniques diverses, et où on essaye d'éviter la brutale autorité, a besoin de beaucoup plus d'ordre et de discipline qu'une classe traditionnelle, où manuels et leçons sont l'essentiel outillage."
A l'école primaire, les derniers programmes ont supprimé des emplois du temps les "débats collectifs ", tels qu'ils étaient préconisés dans les programmes officiels de 2002. Cette idée ancienne, chère à son créateur Célestin Freinet, préconisait l'organisation d'un débat une fois par semaine, durant lequel les enfants devaient organiser et réguler l'organisation de la vie collective de leur classe. Beaucoup d'écoles, avant 2002, organisaient des réunions dans leur classe, avec l'enseignant qui dirigeait le débat.
L'intérêt de ce qui était préconisé en 2002, c'était de demander aux élèves de gérer leur propre réunion, avec un président de séance, un ordre du jour établit par les élèves, un secrétaire rédigeant un compte rendu. L'enseignant devait ainsi se décentrer, et accepter de se mettre en retrait, pour permettre aux enfants d'exercer leur responsabilité d'être social, de citoyen, en participant de manière active aux décisions collectives, en donnant leur avis, en défendant leur point de vue, en proposant des projets collectifs réels et gérés par eux-mêmes.
Depuis 9 ans que je travaille avec des enfants de 9 à 10 ans, ces réunions ont toujours été des moments forts et fondateurs de la vie collective; la seule discipline qui, à mes yeux, ait du sens et fonctionne, est une discipline de groupe et coopérative. Elle permet à chacun de participer à l'élaboration d'un règlement, de le faire vivre, et d'avoir la possibilité de s'exprimer. Si on joue le jeu en tant qu'adulte qui permet "un partage du pouvoir" avec d'autres individus, cela peut être vite devenir très perturbant pour un enseignant non préparé à ce genre de fonctionnement ou à l'écoute.
Quand vient le moment de notre réunion, je m'installe dans la classe, à la place de l'élève qui anime le débat. L'ordre du jour, qui est élaboré à l'avance par l'ensemble des enfants, est réparti en trois catégories : félicitations, problèmes ou critiques, sujets à discuter et projets. Il m'arrive, au même titre que les autres enfants, d'être critiquée par mes élèves. Ce que je trouve formidable, c'est que ces moments sont garants de l'ambiance de la classe : un enfant, qui à juste titre et de manière objective, peut sans crainte critiquer de la même manière un élève ou l'adulte enseignant, a compris qu'il pouvait user de droits essentiels, lui permettant d'être entendu et de faire avancer la vie du groupe dans lequel il évolue.
C'est aussi très intéressant de remarquer que cet espace libre de parole, dans un cadre défini et présent, permet à tous les enfants qui le souhaitent, même les plus timides, d'exposer des choses essentielles pour eux. J'ai l'intime conviction qu'un enfant qui ne serait pas titulaire de cette liberté fondamentale, celle de s'exprimer et d'être écouté, peut dévier vers la violence.

Pour approfondir ce point de vue, un lien vers le texte de Jean Le Gal (enseignant ayant beaucoup pratiqué et écrit sur la pédagogie Freinet), "Droits de l'enfant et discipline".

jeudi 13 mai 2010

L'éducation nationale

J'ai toujours détesté cette dissonante association de mots : "éducation nationale". Comme si l'on pouvait nationaliser l'éducation. Comme si un individu pouvait donc et devait etre "nationalisé" a travers son éducation. Nous nous trouvons ici dans une dénomination si lointaine de la destination idéale et pourtant tres réaliste de l'éducation publique : l'éducation pour tous, c'est a dire offrir une chance égale a chaque individu de se réaliser, s'épanouir, se construire et s'éduquer.

Aline, enseignante engagée et passionnée a l'éducation nationale, m'a fait suivre ce matin cet article. Un constat de la cour des comptes. Edifiant ? Mon cafe n'avait pourtant pas plus d'amertume que d'habitude.

Et si nous parlions de l'individualisme ?

"L'individualisme est une conception politique, sociale et morale qui tend à privilégier les droits, les intérêts et la valeur des individus par rapport à ceux du groupe. Il prône l'autonomie individuelle face aux diverses institutions sociales et politiques (la famille, le clan, la corporation, la caste...) qui exercent sur lui certaines règles. Il s'oppose ainsi à l'obligation du groupe envers lequel l'individu a des devoirs. Il ne faut cependant pas confondre individualisme et égoïsme à courte vue. Car si l'égoïste ne considère que ses intérêts personnels, l'individualiste considère l'intérêt des individus et non le sien uniquement. Par exemple, faire partie d'une organisation quelconque n'est pas incompatible avec le principe d'individualisme." Introduction de Wikipédia a la problématique de l'individualisme.

Un terme décrié, lacéré et diabolisé sur des générations entieres en France et malheureusement au sein de son systeme éducatif. Contrairement aux USA, ou la peur de la couleur rouge durant une certaine guerre froide et son entretient appliqué encore bien des années par la suite, l'a completement exacerbé et finalement corrompu jusqu'a son stade le plus poussé (sombrant ainsi certainement dans un égoisme sublimé et relayé sans cesse par son Etat et son gouvernement).

Deux extremes sociologiques ? Je crois que dans un sens oui. Il existe pourtant une palette exploratoire entre ces deux extremes, experimentée dans de nombreux autres pays dits democratiques, gouvernements et donc systemes éducatifs publiques. Pour moi l'éducation publique francaise et l'éducation publique américaine sont deux exemples reussis d'une éducation publique completement ratée. Ces deux sociétés arrivent aujourd'hui a un tournant, une page dramatique de leur histoire ou des enjeux humains colossaux sont pourtant en train de se jouer. Et tres ironiquement, ces deux pays demeurent les symboles planétaires de la Liberté. Et la France de l'Egalité.

Je crois pourtant qu'il y a dans le coeur de ces deux incroyables sociétés des idéaux tres forts, des réflexions profondes, des engagements humains exceptionnels. Et bien entendu, il n'est pas trop tard pour changer les choses, ni notre facon restreinte et binaire (je devrais dire manicheenne) de comparer ces sociétés. Mais il ne faudrait peut etre pas trop "attendre". Il arrivera ineluctablement un jour ou ce sera en revanche trop tard. Et ce sont nos propres enfants qui en payeront les consequences.

mardi 11 mai 2010

Sur le tableau noir du malheur, j'écris ton nom liberté



Vous avez sûrement vu des figures rayonnantes comme celle-ci sur les dessins de vos enfants.
Elle a été repérée sur un tableau qui servait à " occuper " les enfants dans une boutique. Tous les enfants en font. Logique : elles appartiennent à leur aptitude naturelle ! Le figures libres m'évoquent quelques vers en vrac que j'ai envie de partager avec vous ...

Liberté

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur


Mixage d'extraits de poésies, Jacques Prévert, Paul Eluard.

Pour lire un article sur le sujet, sur le blog de l'Atelier de Charenton

dimanche 9 mai 2010

Diffuser le Geste de peindre en noir et blanc et en couleurs : nouveau blog



Pour celles et ceux qui veulent faire un métier tourné vers les autres.


Tuttttt tut, je claironne le Le Geste de peindre dans le Monde des enfants ... derrière ma démarche et les mots, l'histoire est épaisse, le désir me porte. Il me plaît de partager.

A propos, j'ai ouvert un groupe privé sur facebook qui s'appelle " Dialogues entre praticienne et praticiens de l'expression" et nous communiquons en interne sur notre métier.

Au début de L'Atelier de Charenton, il était juste question " d'animer " un atelier de peinture libre pour enfants...

Et puis, en lisant mon parcours, des femmes m'ont contactée pour que je les aide à créer leur propre atelier. Soraya du Brésil, Alexandra de Montpellier, Anne-Laure de Charentes et Céline, j'espère bientôt en Bretagne.

Je viens de rénover le blog du Geste de peindre avec mon serveur gratuit Wordpress.

Sur le header, le noir et blanc s'est imposé à moi pour retrouver le côté intense et authentique du Geste de peindre.
La photo est de Manuel Costa Luiz qui m'a fait l'honneur de photographier l'atelier pour un sujet à venir.
Les autres photos sont en couleurs puisque COULEUR, BONHEUR !

Je lirai avec plaisir, vos commentaires et vos suggestions d'amélioration, graphiques surtout. Si vous maîtrisez wordpress, vous pouvez me contacter perso.
Mon mail gestedepeindre@gmail.com

Merci de diffuser à vos amies qui ont envie de faire peindre les enfants et qui cherchent le comment et le pourquoi. Bonne lecture à tout le monde :
Le blog Geste de peindre,ici.

vendredi 7 mai 2010

Le coucher Montessorien


Photo par Glue sky(c) denichee sur ce blog.

J'ai fait un petit tour des blogs et des sites lies au monde des enfants la semaine derniere. Quelle agreable surprise ! J'ai decouvert qu'une reelle dynamique etait presente dans de nombreux foyers, vers l'autonomie de l'enfant d'une part et qu'il existe un reel interet pour la pedagogie Montessori. Mais j'ai surtout decouvert une soif de remise en question, un desir d'apprendre en tant que parents, de faire encore mieux, d'aller de l'avant pour ses enfants et pour soi-meme, avec une veritable conscience humaine et humaniste. La meme soif qui m'a motive lorsque je me suis retrouvee - completement - paumee il y a quelques annees a l'autre bout du monde avec mon bebe dans les bras, loin de ma famille, de mes amis, avec des meres autour de moi ayant une culture bien differente de la mienne et surtout parlant une autre langue.

Je comprend aussi que beaucoup d'entre nous, parents, n'aiment pas l'idee d'un curriculum a suivre. Je pense que ce n'est d'ailleurs pas le but d'une telle pedagogie, mais reellement d'aider a comprendre les mecanismes de l'enfant. Maria Montessori n'aurait jamais voulu d'un dogme de la pensee ou de l'education. Elle les faisaient tous tomber. Il n'y a rien de dogmatique donc dans une telle approche de l'education, chaque foyer est libre d'interpreter mais surtout d'organiser son propre espace de vie commune, ou individuelle. Ce qui est interessant c'est de realiser pourquoi on met un matelas au niveau du sol, tout comme pourquoi l'enfant a acces a la nouriture et donc pourquoi il a besoin de cette autonomie pour bien se construire et pourquoi elle est terriblement necessaire.

Il y a ici, un exemple sublime d'une mise en application spontanee et ouverte de cette philosophie de la vie. Je dois dire que je suis touchee par la volonte de cette maman, qui a deja un certain nombre d'enfants, a vouloir faire de son mieux, mais surtout de poser des questions a d'autres mamans, de s'inspirer, d'echanger, de comprendre. Et ce qu'elle fait est magnifique a mon sens.

Je vais essayer de repondre a une question recurrente sur tous ces blogs forts de motivation, et surtout de les encourager ; une question qui se pose ou s'est deja posee dans le coeur de toutes les mamans, moi la premiere, qui trouvent cette pedagogie interessante, mais qui doutent de certains procedes pour une question de pragmatisme et de temps.

J'ai lu a maintes reprises : "Cela a l'air genial cette pedagogie Montessori, mais on doit y passer un temps fou". Et bien non, c'est l'inverse. On passe bien moins de temps a lutter contre la negation de nos enfants et a lacer des chaussures, moucher des nez ou encore se battre pour les coucher. Lorsque l'on a bien compris la finalite de cette pedagogie et que l'on reussit sa mise en application dans la vie, la realite, c'est un veritable soulagement. Les enfants sont des etres independants qui ne demandent pas une aide constante. C'est donc un intense investissement au depart, un veritable retour sur soi-meme, certes, mais c'est un gigantesque cadeau ensuite, pour les enfants et pour les parents. Et cela vient tres vite.

Parlons donc ici du coucher. Je parle encore de ma propre experience avec mes enfants. L'experience prevaut toujours sur la theorie.

Ils ont eu un lit Montessorien. Lili en a eu un plus tard que Jules. Mais nous n'avons jamais eu de probleme au coucher, car nous n'avons pas force nos enfants a se coucher. Depuis qu'ils sont en age de se coucher seuls, de marcher ou meme de se deplacer, ils le font par eux-memes. Il est arrive ou il arrive encore qu'il y ait des cauchemars, qu'un sommeil ne soit pas continue, qu'un changement bouleverse leurs habitudes, mais ce sont des periodes normales et necessaires qui ne se prolongent jamais. Encore une fois, avec l'experience, je realise que c'est lorsqu'on les a force que cela s'est mal passe. Ils resistent. Ils luttent et c'est bien normal.

Je crois que l'important dans l'education Montessori c'est de realiser pourqu'elles raisons on "laisse faire". Si on decide de les coucher sur un matelas au sol, ce n'est pas uniquement pour qu'ils se levent seuls le matin. Mais aussi et surtout pour qu'ils aillent se coucher seuls le soir.

Lorsqu'un enfant a faim, il se nourrit. Lorsqu'il a sommeil il va se coucher.
Je crois que laisser un enfant dans sa chambre avec une loupiotte douce et quelques livres ou jouets, est une excellente reponse a son besoin de liberte mais egalement d'independance, d'autonomie. Je vous assure que si l'enfant est considere comme un individu responsable, il ne se revolte pas et va se responsabiliser. Il eprouve tellement de fierte, de confiance en lui-meme.

Nous lisons donc des histoires ensemble au salon tous les soirs, puis mes enfants vont dans leur chambre apres avoir brosser leurs dents. Jules qui a 22 mois egalement. Il en est de meme pour la sieste. Il va seul se coucher dans la journee lorsque nous sommes a la maison. Le coucher n'a jamais ete une punition ou un ordre de ma part, mais une reponse a un besoin. C'est un acte naturel et necessaire, comme boire ou manger. Lorsque le sommeil est la, ils ferment les yeux et s'endorment. Si ils ont besoin d'un peu de temps dans leur chambre avant de s'endormir, libre a eux. Recemment Jules, sortait de sa chambre. Il venait zieuter ce qui se passait au salon. Nous avions des amis ce soir la. Il etait curieux. Je ne l'ai pas gronde, mais raccompagne a sa chambre et lui ai explique que nous avions besoin d'etre avec nos amis seuls. Il a reproduit l'experience 2 ou 3 soirs. Cela ne durait que quelques minutes. Depuis, il ne sort plus du tout. Je suis certaine que si nous l'avions gronde, ou puni, la situation aurait pris certainement des proportions demesurees et au final completement illogiques. Encore une fois si on respecte l'enfant, il apprend a se respecter lui-meme. C'est une phase importante pour qu'il apprenne ensuite a respecter les autres. Ce n'est pas de la frustration ou de la contrainte que naissent les plus belles et riches experiences de la vie a mon sens. Mais plutot de celles ou l'individu s'exprime en complete harmonie avec lui-meme.

Je vais vous raconter une petite histoire sur la liberte qui pour ma part m'a beaucoup touche et surtout fait realiser de cette formidable aventure dans laquelle nous nous sommes engages.

Lorsque ma fille a integre l'ecole Montessori, elle etait ravie de sa liberte qui etait de pouvoir sortir de la classe a son seul desir et bon vouloir. Pour ce faire, les enfants se passent un cordon de couleur autour du cou et peuvent aller s'occuper du jardin potager ou jouer de la musique dans la salle des instruments avec un enseignant en musique. Bien entendu l'enceinte de l'ecole est bien fermee et securisee (nous ferons de meme pour une chambre). Il y a toujours l'un des assistants qui "surveille" cet espace.
Les premiers jours, la maitresse me disait que Lili passait ses journees entieres dehors. J'etais inquiete, je doutais des benefices de cette liberte. Je remettais tout en question. Je me disais que la theorie ratait le coche de la realite, qu'un enfant avait besoin de reperes, de regles, ect.
Mais la maitresse m'a dit avec son plus grand sourire, ne lui en parlez pas, surtout pas. Ne dites rien et je ferais de meme de mon cote. Vous allez voir.

Apres plusieurs jours de liberte a gambader gaiement, Lili ne sortait plus. Elle passait le plus clair de son temps dans la salle de classe. Et ce, sans la moindre intervention de l'adulte.
Pour elle, etre dans une salle de classe n'est donc pas une contrainte. C'est sa decision. Elle a realise a un moment donne que ce qui s'y passait etait tout aussi interessant, voir meme peut etre plus interessant, que ce qui se passe dans la cour. Et ceci a l'age de 3 ans. Et comme me l'a dit ensuite l'enseignante, a l'age de 3 ans Lili a vecu une experience dont elle a tire un enseignement constructif, a vie probablement. Elle a pose des limites autour d'elle-meme par elle-meme. Et c'est cela le plus important. De toute la pedagogie Montessori, si il y a un mecanisme a comprendre, a retenir et a integrer dans notre facon d'eduquer nos enfants, c'est celui la.

Ils sont incroyables. Il faut vraiment leur faire confiance. Il faut vraiment sortir de l'idee qu'un enfant est un etre incapable de se gerer seul, de se realiser, de se construire. A moins d'etre handicapes, les enfants sont de veritables petits etres pensants et faisants qui ont besoin de peu d'aide.

Leur mettre des barrieres, ce n'est pas les aider. La societe d'aujourd'hui souffre terriblement d'assistanat. Moi meme, je me suis sentie demunie a plusieurs reprises devant des situations qui me semblaient insurmontables. Pourtant elles ne l'etaient pas. Elles etaient simples et banales pour d'autres personnes, venant d'autres cultures ou region du globe, avec des priorites differentes par exemple. Je manquais simplement de confiance en moi, de courage, de volonte, non pas a me "depasser", mais a exister tout simplement. C'est ce que j'essaye aujourd'hui d'eviter avec mes enfants. Je crois que ce monde de demain va etre intense a vivre. Les meilleurs des outils pour y vivre seront sans aucun doute l'autonomie, l'adaptabilite et l'autodidactisme. Tanpis si un bout de chemise depasse du pantalon apres que l'enfant se soit habille ou si un verre a ete casse alors qu'il faisait la vaisselle. Ce n'est pas cela l'important.

"N'élevons pas nos enfants pour le monde d'aujourd'hui. Ce monde aura changé lorsqu'ils seront grands. Aussi doit-on en priorité aider l'enfant à cultiver ses facultés de création et d'adaptation." Maria Montessori

mardi 4 mai 2010

Collecte d'auteurs

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dimanche 2 mai 2010

La question de la fessée éclairée par Alice Miller

Juste pour compléter le texte de Sand et le débat qui en a découlé... (cliquez sur le lien pour accéder au document)
"Sans fessée comment faire?"
Bonne lecture et merci au Papillon pour ce lien :-)